Le 22 septembre dernier s’est tenu, à la galerie Itinerrance, le vernissage du deuxième solo show de l’artiste portugais Pantonio en France. Retour sur une exposition d’une poésie déconcertante.
« C’est sublime, il nous emmène dans un autre monde… » laisse échapper une femme devant Bombordo, la toile phare de l’exposition « Atlantide ». C’est en effet un spectacle saisissant qui s’offre aux yeux des spectateurs. Il est 18h40 et le soleil déclinant de fin de septembre irradie dans la longue pièce blanche où sont accrochées les toiles. Dans une ambiance feutrée, une cinquantaine de visiteurs de tous âges admire les oeuvres. Bombordo fait partie de celles qui retiennent le plus l’attention. Comme toutes les autres, elle fait dans les deux mètres de hauteur. Mais contrairement à son habitude, Pantonio n’y a pas représenté que des animaux. Au milieu des lapins et des oiseaux, c’est le portrait d’une joueuse de flute qui est peint.
L’artiste a, en effet, en plus des scènes animalières entièrement bleutées qui composent la majorité de son oeuvre, apporté quelques touches originales à certaines de ses toiles. Ainsi, on retrouve, sur un autre tableau, une sorte de chimère humanoïde entourée d’algues mouvantes, peut-être la représentation d’un des antiques Atlantes. Et la palette de tons bleus habituellement exploitée par l’artiste laisse ici place à quelques fonds rose pâle ou jaune vif, qui viennent trancher agréablement avec le reste des toiles. C’est le cas de la fresque réalisée à l’entrée de la galerie. Peinte en deux jours, elle mesure cinq mètres de haut. L’effet est saisissant. Cela dit, Pantonio est habitué à des supports d’une ampleur bien plus conséquente. Il a notamment réalisé la plus grande fresque d’Europe dans le cadre de Street Art 13 en 2014.

Quant à moi, ce n’est pas Bombordo qui retient mon regard, mais un de ces fonds jaunes justement. Sur celui en question, on voit évoluer des poissons bleus aux contours noirs, motif récurrent dans le travail de Pantonio. Mais cette toile-là est étrangement déstructurée, traversée par trois invisibles lignes horizontales qui viennent créer un mouvement saccadé, quand les réalisations de l’artiste sont habituellement tout en courbes et en volutes. Ce sont ces courbes qui donnent un mouvement si particulier à ses toiles. Les lapins, les poissons, les oiseaux bondissent, tournoient, nagent, semblent parfois flotter et s’entrelacent dans une danse à la fois sensuelle et onirique. L’unique toile de format carré de l’exposition, Sirocco a jogar à Bola, est particulièrement propice à ces mouvements d’entrelacs et de rotation.

C’est finalement cela qui caractérise l’ensemble des oeuvres présentées ici, témoins d’un travail particulièrement aboutit : la maitrise d’un tracé ondulatoire, la peinture comme une onde, celle des courbes imbriquées à la manière des cercles qui se propagent à la surface de l’eau quand on y jette un galet.
L’exposition « Atlantide » est à admirer jusqu’au 28 octobre 2017 à la galerie Itinerrance, dans le 13e arrondissement, 24 Boulevard du général Jean Simon.
Site de la galerie : itinerrance.fr
Instagram de Pantonio : instagram.com/pantonio.o
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